CONGO BRAZZAVILLE: Depeches de Brazzaville

“Dernière chance”
Published: January 29, 2023

Que le président du Congo, Denis Sassou N'Guesso, soit le mieux placé pour arbitrer le conflit qui oppose depuis des années le Soudan au Tchad et au Centrafrique ne fait aucun doute. Qu'il ait des chances de réussir cette tâche délicate en dépit des bruits de botte qui se font entendre à la frontière des trois pays n'en fait guère plus. C'est en tout cas ce que la communauté africaine, dans son ensemble, croît fermement à la veille d'un sommet de l'Union qui s'annonce décisif car il se tiendra à Addis Abeba, donc à proximité immédiate de la zone des conflits, et réunira en principe les protagonistes du drame. 

De tous les pays du continent, le Congo est en effet le mieux placé pour mener à bien ce qui s'annonce comme la mission de la dernière chance. Que l'on en juge d'après ces remarques : 

- Notre pays sait mieux que quiconque, pour l'avoir vécu dans sa chair à la fin du siècle dernier, le danger extrême que portent en germe les conflits ethniques, et il s'est montré capable de sortir seul du précipice où ces derniers l'avaient projeté. Mieux que quiconque donc son président sait comment amener autour de la table des négociations les frères ennemis les moins enclins à se parler. 

- Le savoir-faire de Denis Sassou N'Guesso en la matière ne s'est pas appliqué au seul cas du Congo. Bien avant que l'Afrique centrale et la corne de l'Afrique connaissent ce type de drames, notre président a joué un rôle déterminant dans l'accès de la Namibie à l'indépendance et, par contrecoup, la fin de l'apartheid en Afrique du sud. Il est reconnu comme un sage dont on écoute les avis et on suit les conseils. 

- Le Congo n'est pas resté indifférent à la tragédie du Darfour. Lorsque son président dirigeait l'Union Africaine, en 2006, il a réussi une première fois à rapprocher les points de vue du Tchad et du Soudan, obtenant de leurs chefs d'Etat qu'ils se rencontrent. Rien n'interdit qu'il y parvienne une deuxième fois avec succès même si les tensions se sont encore aggravées depuis.  

- De tous les pays africains, le Congo est celui qui s'est investi le plus dans la recherche d'une solution pacifique au conflit larvé qui oppose le Soudan, le Tchad et la Centrafrique. En témoigne le rôle que joue son ancien ministre des Affaires étrangères, Rodolphe Adada, en qualité de représentant des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour. 

Il se peut que la tension entre les trois pays ait atteint un niveau tel qu'un conflit ouvert soit inévitable. Mais il se peut aussi que la médiation de Denis Sassou N'Guesso ait pour résultat d'ouvrir les yeux des protagonistes du drame sur les dangers extrêmes qu'un affrontement direct ou indirect aurait sur chacun d'eux. L'homme a prouvé qu'il sait parler le langage de la raison et l'expérience a montré qu'il sait aussi se faire entendre.

Attendons donc et espérons. 

Les Dépêches de Brazzaville